
Le tribunal de grande instance de Paris (TGI) vient d'être saisi d'une procédure assez exceptionnelle, intentée en marge de l'enquête sur l'attentat de Karachi, qui coûta la vie, le 8 mai 2002, à onze employés français de la direction des constructions navales (DCN, rebaptisée DCNS). Vendredi 14 février, Mes Anne Battini et Jean-Pierre Versini-Campinchi, parties civiles, ont assigné l'Etat, au civil, pour « faute lourde » et « déni de justice ». L'assignation a été délivrée à l'agent judiciaire de l'Etat, représentant le ministère de l'économie et des finances.
Dans les faits, elle vise l'ex-juge Jean-Louis Bruguière, chargé jusqu'en 2006 de l'enquête sur l'explosion du bus qui transportait les employés de la DCN à Karachi. Les avocats demandent au tribunal d'accorder 100 000 euros à chacune de leurs deux clientes, qui ont perdu leur père dans l'attentat.
Ils reprochent notamment à M. Bruguière de ne pas avoir coté un élément décisif dans le dossier : le rapport d'autopsie – remis le 7 juillet 2002 – du corps de la personne soupçonnée d'avoir fait exploser le bus. Collant à la version des autorités pakistanaises visant à imputer l'attentat à Al-Qaida et avançant que l'explosion avait été provoquée par un kamikaze embarqué dans une voiture, méthode typique du mouvement terroriste, l'ex-magistrat avait omis de verser à la procédure les conclusions des médecins légistes.